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La Critique Fascine
17 septembre 2012

Killer Joe - William Friedkin - 2012

killer Joe

Le cinéma durant la crise pue la morale et la bienséance. Clooney devient l'un des cinéastes les plus respectés et la violence et l'immoralité totale se retrouvent reléguées au second plan, dans le caniveau. C'était sans compter sur Friedkin.

Un jeune homme, Chris(Emile Hirsch), doit de l'argent à une sorte de mafia. Il a donc la merveilleuse idée de tuer sa mère pour toucher l'assurance-vie. Pour se faire, il va demander de l'aide à son père(Thomas Haden Church) et à sa belle-mère(Gina Gerson), vivant dans une caravane sur un terrain boueux que garde bruyamment un chien. Afin de s'acquitter de cette glorieuse tâche, il compte engager un tueur professionnel connu pour sa violence froide (et le monsieur tient promesse) qui désire un acompte : la sœur(Juno Temple) de Chris.

Le pitch nous renvoie aux plus belles heures du film noir mais aussi aux films de genre des dernières décennies. On pense autant à Hawks et Wilder qu'aux Coen et Tarantino. Ca sent le sang et l'acier, le violent et l'immoral, le mal et... le mal. Aux oubliettes les gentils, le bon, le héros, ici il n'y a que salauds, fêlés et psychopathes. Friedkin délivre le spectateur de l'empathie, personne ne trouve grâce à ses yeux et on n'a envie d'en voir aucun de sauvé.

Ce que l'on a devant nous révèle aussi une terrible absurdité. Le comportement de Chris est stupide, il doit 6 000$ à un parrain et va dépenser 25 000 $ pour empocher les 50 000 $ de l'assurance-vie de sa mère. Tout le reste du film se retrouvera dans ce grotesque, la farce humaine(n'oublions pas qu'il s'agit au départ d'une pièce de théâtre) est en route, jusqu'à cette scène de fin jubilatoire, où la cocotte-minute que fait bouillir Friedkin va se mettre à exploser dans un tonnerre de violence et de non-sens.

La direction d'acteur illumine cette noirceur, oscillant toujours entre aberration et gravité, les acteurs donnent sens à cette constante ambiguïté. Mention spéciale à Matthew McConaughey qui incarne un personnage sadique, froid, glacial mais terribement drôle et ironique, une véritable performance dans le jeu d'acteur. McConaughey vient probablement de gagner un aller-simple vers la cour des grands.

Friedkin n'appartient peut-être pas à la trempe des génies, possible même qu'il ne signe pas son meilleur film toutefois il est indéniable que seul lui pouvait se permettre de montrer une telle violence savamment orchestrée, sans pour autant provoquer d'indigestion. Grâce à une mise en scène électrique qui  accumule les tensions jusqu'à nous les faire péter en pleine face. Il est le seul à pouvoir s'affranchir ainsi de la morale occidentale et de l'éclabousser de ses propos subversifs sanguins tout en restant clairvoyant sur ce qui l'entoure.

De la violence donc mais aussi de l'humour, du noir, de l'absurde, de l'ironique. De véritables scènes comiques, comme cette jouissive parodie de procès pour savoir à qui appartient le pénis qui apparaît en photo dans la bouche de la belle-mère et McConaughey en avocat-enquêteur de demander le plus solennellement du monde : "So, whose dick is that ?". On rigole, et beaucoup. Devant ce spectacle grotesque et sadique, la réaction qu'incite donc Friedkin est le rire. Mais un rire sarcastique emprunt de scepticisme et de désespoir. Si dans L'Exorciste, le bien se battait, si dans French Connection les mafieux conservaient une certaine... élégance, ici il n'y a que du noir et rien à sauver de l'espèce humaine. Friedkin nous délivre ce message sans attente de lendemains qui chantent et franchement, qui peut lui donner réellement tort ?

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Commentaires
A
Bojour et merci de ta visite sur mon blog ce qui m'a permis de écouvrir le tien<br /> <br /> Bonne continuation pour tes instants critiques
La Critique Fascine
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